A Angoulême, le schéma des modes actifs accouche d’une souris…

Suite au communiqué de presse et au dernier article paru dans Charente Libre (à lire ici) les associations Vélocité, Icamaga et Cyclofficine d’Angoulême co-rédige une réponse. Nous avons certes étaient consultés en amont de ces publications officielles, mais trop peu de nos recommandations ne sont prises en compte...

Une occasion ratée, malgré de lourds investissements financiers.

La ville à 30 km/h. Une voie prise par de nombreuses villes : Angers, Grenoble, Nantes, Lille, Besançon, Bordeaux, Annecy, Toulouse, Tours, mais aussi des villes de taille similaire à Angoulême : Lorient, Poitiers, Agen, Brive… Avec de multiples bienfaits :

  • diminution de 40% des accidents impliquant des piétons ou des cyclistes
  • amélioration de la qualité de l’air (40 000 décès chaque année en France)
  • bénéfices pour la santé publique (1 cycliste ou un piéton quotidien = 1000 € d’économie annuelle pour l’assurance maladie)
  • diminution du bruit et amélioration du cadre de vie

Angoulême s’arrête en chemin, limitant le périmètre à 30 km/h au plateau, où les vitesses sont déjà en pratique inférieures. On aurait pu espérer une extension du périmètre dans un futur proche…et bien non! La municipalité décide d’aménager des « portes » qui marqueront l’entrée de ce périmètre, au prix d’un très lourd investissement et fixant le périmètre pour de nombreuses années.

Pire : avec le postulat de base qui exigeait de ne pas revoir les sens de circulations actuels, certaines rue ne seront pas empruntables par les vélos à contresens (N.B: sur toutes les voies limitées à 30km/h, les cyclistes sont autorisés à circuler dans les deux sens, sauf arrêté municipal contraire pour raisons de sécurité). Ainsi, la rue de Beaulieu ne pourra être empruntée par les vélos du sud au nord. On leur proposera des « itinéraires malins » pour les détourner sur des voies parallèles. Ou comment favoriser les modes actifs en les rendant moins efficaces et pratiques que l’automobile?

Sur une zone comme le plateau une révision du plan de circulation et/ou le passage de certaines rues en voie piétonne aurait pourtant impulsé une réelle dynamique pour la marche et le vélo sans pour autant pénaliser les automobilistes.

C’est donc une occasion manquée, qui compromet les mobilités alternatives à Angoulême pour de longues années.

Nos élus affichent des objectifs volontaristes de rééquilibrage entre les déplacements piétons, cyclistes et automobiles et dans le même temps refusent de modérer la circulation automobile et de partager l’espace public, avec les bénéfices énoncés plus haut.

Ce n’est pas un service rendu à notre ville,

qui gagnerait tant en attractivité, pour les touristes mais aussi pour les clients quotidiens des commerces et des bars, à proposer des espaces moins saturés de voitures, plus paisibles, moins bruyants et plus sûrs.

Ce n’est pas un service rendu aux angoumoisines et angoumoisins,

à leur santé et à leur porte monnaie : de plus en plus de personnes sont en difficulté pour acquérir et alimenter une automobile, les enfants subissent particulièrement aux abords des écoles la pollution, le stress et l’insécurité…

A-t-elle été consultée, cette population ? Simplement par quelques ateliers où étaient présentes les personnes habituelles se préoccupant de mobilité, et au terme desquels la mairie a tranché pour ce scénario minimaliste. Ce qui a surtout été écouté, c’est l’idée dépassée que la voiture est indispensable partout et tout le temps, qu’elle est bonne pour le commerce et les activités, idée invalidé dans toutes les villes qui ont fait ce choix!