Vous n’avez pas pu passer à côté si vous êtes allé·e à Angoulême ces dernières semaines : la municipalité a sorti les grands moyens pour informer du changement de tarification du stationnement : couverture et dossier dans Angoulême Mag du mois de septembre, dépliants dans les boîtes aux lettres, panneaux publicitaires, affiches sur les arbres, stickers sur les horodateurs, page dédiée sur le site web de la ville…
C’est tellement présent qu’on en vient à se demander si ce n’est pas une publicité en faveur des véhicules à moteur, auquel cas les messages, obligatoires depuis mars 2022, en faveur des mobilités actives ou partagées ont été oubliés :
- « Pour les trajets courts, privilégiez la marche ou le vélo #SeDéplacerMoinsPolluer »
- « Pensez à covoiturer #SeDéplacerMoinsPolluer »
- « Au quotidien, prenez les transports en commun #SeDéplacerMoinsPolluer »
On passera sur le fait que « stationnement », ça veut forcément dire « stationnement de sa voiture individuelle ». Exit les vélos, trottinettes, motos, poussettes, véhicules partagés.
On retiendra surtout de cette campagne de communication choc les images, fruit de l’imagination visionnaire de l’équipe de communication de la ville d’Angoulême. Dans celles-ci, le parking est toujours vide, la voiture toujours possédée par des personnes jeunes, en bonne santé, sans bagages lourds, sans handicap et qui semblent avoir tout leur temps.
Pourquoi montrer une catégorie d’habitant·es qui n’auraient pas de problème – et de plus en plus souvent, demandent – à se déplacer autrement, marche, bus, vélo, trottinette, etc.?
Pourquoi montrer des parkings vides, avec vite fait quelques arbres en fond, alors qu’ils sont souvent pleins, moches, et utilisent un espace public qui pourrait être occupé par un trottoir, un banc, un arbre ou des enfants qui jouent? « Quand un bien est gratuit, sa demande est infinie » : on peut donc s’attendre à encore plus de trafic généré par des automobilistes qui tournent en rond en cherchant une place libre. Rien de très attrayant pour les terrasses des cafés et les piétons.
Dans le guide du stationnement, les parkings relais, qui permettent de laisser sa voiture à l’extérieur de la ville pour utiliser le bus, arrivent à la fin du livret, après les abonnements, les tarifs préférentiels et les bornes de recharge électrique. Pas un mot sur les stationnements vélo qui pourtant se développent à la demande des habitant·es. Pas un mot non plus sur des aires de covoiturage puisqu’il n’en existe pas sur Angoulême.
La ville d’Angoulême a donc décidé de promouvoir les déplacements en voiture, alors qu’en même temps elle passe des rues à 30 km/h, met (enfin!) en place quelques double-sens cyclables, installe des arceaux pour le stationnement des vélos, piétonnise en été et pendant les festivals, et répète un peu timidement lors des réunions publiques et des conseils municipaux (écouter ceux du 5 juillet de 1h21 à 1h54, du 28 septembre de 1h07 à 1h20) qu’ « il faut donner moins de place à la voiture ».
Le schéma des modes actifs sur lequel la ville travaille depuis 2020, devrait bientôt être voté. On attend donc avec impatience une grande campagne de communication en faveur de la marche et du vélo au moment de son adoption.